Quand l’étoile du showbiz fait tourner la terre autour de lui… (THE TRUMAN SHOW, Peter Weir)
Profession Reporter
Édition 2021-2022
Truman, vrai humain parmi des humains jouant des vrais humains de fiction rêve d’échapper au scénario parfaitement orchestré de sa vie quotidienne. Il rêve à son vrai amour dont il tente de reconstituer le visage à la manière de Zeuxis, peintre grec qui voulait peindre Aphrodite à partir des traits des plus belles femmes de Crotone. Mais à l’inverse de Zeuxis, il ne tente pas de recréer une icône à partir de femmes réelles, il veut retrouver la singularité de l’être aimé à partir des traits des icônes de la publicité. Car la publicité est devenue réelle dans cet environnement faux. Il ne faut alors pas se laisser prendre à l’immobilisme de ces images figées pour maintenir l’illusion de la perfection, il faut se mettre en mouvement, fuir et partir à la recherche des failles du système. La lumière se fait dans l’esprit de Truman, un projecteur tombe du ciel. Le ciel tombe sur la tête de Truman, il décide alors de s’emparer de l’obscurité pour s’échapper vers d’autres cieux. Car ne pas être vu, c’est pouvoir. Chose étrange pour un homme qui n’existe que parce qu’il est vu. Mais est-on vraiment vu lorsque nos faits et gestes sont mis en scène? Échapper à soi-même c’est alors provoquer l’imprévu en duel. Et quelle aventure ! Voici l’air ferme à l’horizon… Baudrillard n’écrivait-il pas sur Los Angeles, sur cette « ville d’une étendue fabuleuse, mais sans espace, sans dimension (…) cette ville {qui} n’est plus elle-même qu’un immense scénario et un travelling perpétuel ». Le dôme, la demie-terre qui abrite la ville du Truman Show se trouve dans la ville du cinéma. Images, spectateurs, consommation, pour les saisir, Peter Weir a un beau coup de pinceau. Et au cas où Truman ne les revoyait pas, bonne après-midi et bonne soirée.