
NE CROYEZ SURTOUT PAS QUE JE HURLE
Frank Beauvais
- 2019
- 01:19
- Couleurs
- numérique 2K
Sorti un an avant le Covid, Ne Croyez surtout pas que je hurle a préfiguré notre destin de
cinéphiles-confinés, contraint d’avaler des films à la chaîne, hors des salles, sur mini-écran. Essaimanifeste qui embrase un peu tout ce qui rend fou sur son passage (c’est-à-dire : la politique, la
famille, le sexe, le cinéma…), le film se singularise d’abord par sa manière de désaccorder l’image
du son. Sa voix off est l’un des plus beaux textes lus, entendus, vus, dernièrement, quelque part
entre Duras, Guibert et Debord. Une plongée dans les tréfonds intimes. À l’écran, à l’inverse, règne
l’impersonnel. C’est un assemblage maniaque d’inserts, de plans de coupe, de figurants, de
silhouettes et d’objets, le genre que d’habitude on ne retient pas, mais que le cinéaste a prélevé en
cuvant une dépression. On sort de cette masse folle d’images comme après avoir touché les abysses,
avec le désir ardent de faire collectif, de ne plus être seul et peut-être d’aller mieux.